26 Juin 2009
Pygmées Mbuti
Les pygmées Mbuti se situent dans la forêt de l’Ituri en République Démocratique du Congo, ancien Zaïre. Chasseur-cueilleur, la forêt est source de leur existence et croyance
(animiste), mais aussi inspiration philosophique et artistique.
Home, Sweet Mbuti Home...
De l'autre coté du
miroir...
Rituel de
chasse
Comment ne pas faire le lien avec les chasseurs du paléolithique qui traçaient ces formes animales sur les parois des grottes.
Ces pygmées Cwa ne répètent-ils pas le même schéma que nos ancêtres adoptaient en visant l’animal peint comme pour se l’approprier?
Rituel d’imprégnation et de projection de l’acte de chasse.
En tuant l’animal dessiné (un double), ils tuent aussi mentalement
l’original.
"Lianes"
Les femmes de ce peuple sylvestre peignent au doigt ou avec de petits bâtons sur le liber (partie interne de l’écorce, battue et préparé par les hommes) des signes et tracés représentants leur environnement, c'est-à-dire la forêt.
Représentation simplifié et abstraite du monde floral (arbres, plantes, feuilles, lianes, graines...), animal (léopard, antilope, crocodile, serpent, oiseau...) et autres (nid d’abeille, toile d’araignée, papillon, insectes grouillant dans l’humus...) mais aussi des sons et bruits de la forêt.
Ces vêtements d’écorces ou murumba (peintes d’un colorant noir
tiré de racines, fruits et feuilles) sont portés lors de célébrations et rites de passages initiatiques tels que la puberté, le mariage ou une naissance, un enterrement.
écorce battue avec svastikas
protecteurs
pygmées Mbuti
écorce battue, pygmées Mbuti
écorce battue, pygmées Mbuti
Selon leurs croyances, les pygmées Mbuti avaient jadis un contact direct et privilégié avec les énergies de la forêt ; lien quasi mystique. Ils portaient en guise de pagne les écorces peintes d’une écriture signée, parlaient et chantaient avec et pour les esprits forestiers (mokoondi) ; symbiose et fusion avec leur environnement.
Les chants polyphoniques pygmées (chants alternés et jodle) sont un mode d’expression sylvestre
primordial : « Nous chantons dans la forêt pour manger. Le chant fait plaisir aux esprits de la forêt. En retour, ils nous donnent du
gibier »
Les 2 textes
scannés, ainsi que les photos des écorces peintes
sont tirés du catalogue de l'exposition: "Pygmées ?
Peintures sur écorces battues des Mbuti (Haut Zaïre)" (1991)
R. Farris Thompson - Serge Bahuchet, musée Dapper, Paris.
Paysage d'inspiration Mbuti
Mai 2009 / Gil
Les signes Mbuti inspirés de la forêt et tracés sur l’écorce donnent une composition abstraite. Dans ce dessin au crayon, j’ai réutilisé leurs codes graphiques mais en recherchant une disposition figurative avec une hiérarchie verticale (sol, graines, vers et insectes
grouillants, croissement et ondulations des plantes, lianes retombantes et insectes volants).
Le svastika apporte une protection et un lien sacré à l’ensemble (comme sur certaines « toiles » pygmées).
Je ressens dans la courbure des lignes et la disposition des éléments une ondulation, un mouvement aléatoire dans un tout cohérent et entier (la forêt)
J’ai demandé à Romain, mon fils de 6 ans, ce qu’il voyait dans cette image. A ma grande surprise, il
m’a répondu : « du vent ». J’ai trouvé cette réponse très belle.
...le vent
des esprits...